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Monument au général Faidherbe, Lille

Julie Marquet

En France hexagonale, les contestations de statues liées à l’histoire de l’esclavage ou la colonisation se heurtent le plus souvent à l’argument selon lequel le monument n’a pas été construit dans l’intention de célébrer la colonisation et qu’il n’a donc pas de lien avec le fait colonial. Cependant, si l’on se penche en détail sur l’histoire de ces monuments, on observe que des mémoires de la colonisation sont présentes dans et autour du monument : dans leur matérialité, dans les célébrations qui s’organisent autour d’eux ainsi que dans le récit historique qu’ils portent dans l’espace public. C’est le cas de la statue de Faidherbe, contestée depuis 2017 à Lille pour la charge coloniale qu’elle véhicule.

Faidherbe militaire : une carrière avant tout coloniale

Louis Faidherbe est un militaire et un homme politique français dont la plus grande partie de la carrière a été coloniale.

Né à Lille le 3 juin 1818, il entre à l’Ecole Polytechnique à Paris en 1838 puis en 1840 à l’Ecole d’application de l’artillerie et du génie de Metz. En 1842, il est nommé lieutenant en 1e dans le deuxième régiment d’infanterie à Mostaganem en Algérie. De retour en France en 1846, il demande à être renvoyé dans les colonies, et arrive en Guadeloupe en 1848 avec la proclamation de la Seconde République. Il aurait alors affiché son soutien à la candidature de Victor Schoelcher aux élections législatives, ce qui, selon George Hardy aurait participé à son rappel en métropole en 1849. Immédiatement renvoyé en Algérie, il participe aux expéditions du général Camou dans le Djurjura et du général Saint-Arnaud en petite Kabylie. Selon son souhait, il est ensuite affecté au Sénégal en 1852, où il participe à des opérations militaires et se lie avec les milieux d’affaires. Il bénéficie du soutien de Marc et Hilaire Maurel, à la tête de la maison de négoce bordelaise Maurel & Prom active dans le commerce de la gomme et des arachides au Sénégal. Ces derniers mobilisent leurs réseaux d’affaires saint-louisiens et bordelais, et obtiennent d’Armand Mestro, le Directeur des colonies et de Théodore Ducos, Ministre de la Marine et des Colonies, la promotion de Faidherbe comme chef de bataillon et sa nomination comme gouverneur du Sénégal en 1854.

Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 puis de 1863 à 1865, Faidherbe garde des liens étroits avec les maisons de commerce bordelaises, dont il soutient l’activité au détriment de celle des familles métisses implantées à Saint-Louis. Il mène une action de trois ordres : militaire, administrative, et scientifique. D’abord, il engage une politique militaire violente visant à établir les Français comme pouvoir dominant dans la vallée du fleuve Sénégal – imposition de la navigation sans taxes ou coutumes sur le fleuve Sénégal ; « pacification » contre les villages hostiles, pillés et pour certains brûlés ; annexions territoriales, comme celle du royaume du Cayor. Pour suppléer les effectifs de l’armée française, il crée le régiment des tirailleurs sénégalais en 1857, qui participeront aux guerres de conquête coloniale. Ensuite, il mène une action administrative qui vise à organiser l’Etat colonial au Sénégal (création du port de Dakar, aménagements urbains et construction du pont de Saint-Louis, création d’infrastructures comme des casernes ou des centres de soins, organisation des postes et télégraphes etc.) et à soutenir l’entreprise coloniale française sur le continent africain. Pour cela, il poursuit les efforts de ses prédécesseurs de ne pas appliquer le décret d’abolition de l’esclavage du 17 avril 1848 en dehors de Saint-Louis et de Gorée. Il estime en effet qu’il faut amener les chefs africains à se placer sous la suzeraineté de la France, ce qu’ils refuseront de faire si la pratique de l’esclavage est interdite et si les esclaves peuvent venir se placer sous la protection de le France. Enfin, Faidherbe participe activement à la production des savoirs ethnographiques coloniaux sur l’Afrique : il retrace l’histoire et le mode de vie des populations de Sénégambie, en particulier des Peuls, en fondant sa réflexion sur la notion de « race », et sur la catégorisation raciale des populations. Il collecte en outre des objets dont une partie se trouve aujourd’hui dans les musées français. Il est membre de la société d’anthropologie dont il est l’un des présidents en 1867.

Après son retour en métropole, il est nommé en 1867 général commandant la subdivision de Bône en Algérie. Il rentre en France pour un congé de convalescence en 1870, où il se trouve lorsque la guerre franco-prussienne éclate. Il est nommé général de division par Gambetta le 23 novembre 1870, puis commandant en chef de l’armée du Nord le 3 décembre 1870. Il remporte les deux batailles de Pont-Noyelles (23 et 24 décembre 1870) et de Bapaume (3 janvier 1871), pour lesquelles il est célébré et qui sont au cœur de l’hommage qui lui est rendu à sa mort en 1889. Après l’armistice, il se présente aux élections législatives et est élu député de la Somme le 8 février 1871 puis du Nord le 2 juillet. Il démissionne de son mandat le 26 août, marquant son refus de transformation de l’Assemblée en Assemblée constituante. Il est alors élu conseiller général le 8 octobre 1871 puis sénateur du Nord le 5 janvier 1879. Il a donc mené une carrière militaire essentiellement coloniale (pendant plus de vingt-cinq ans, pour 4 mois dans l’armée du Nord lors de la guerre franco-prussienne), avant de s’engager dans une carrière politique.

A sa mort, en 1889, les éloges se multiplient. Louis Faidherbe apparait alors comme une figure consensuelle, revendiquée par tous les bords politiques. Si les journaux rappellent les différentes étapes de sa carrière, notamment au Sénégal et en Algérie, il est surtout salué pour sa brève action militaire lors de la guerre franco-prussienne, à une période où le sentiment d’humiliation après la défaite de 1870 favorise l’essor du nationalisme et l’exaltation du patriotisme. Parallèlement à sa carrière militaire, Faidherbe est loué comme un grand républicain, fils du Nord ayant su déployer une carrière nationale. Il apparait alors comme une figure incarnant des valeurs que la IIIe République entend célébrer : engagement républicain, exemplarité et héroïsme militaire face à la Prusse. Le consensus autour de la figure de Faidherbe apparait dès avant sa mort : ainsi que le relève Bénédicte Graille, plusieurs villes attribuent son nom à une voie publique de son vivant, contrairement à l’usage, et des marques de produits régionaux sont déposées. Ces marques se multiplient au moment de sa mort puis de l’inauguration de la statue à son effigie à Lille (fil Faidherbe, nougat Faidherbe, Chicorée du Nord au général Faidherbe). Après sa mort, trois villes du Nord décident d’ériger une statue le commémorant : Bapaume (inaugurée en 1891), Lille (inaugurée en 1896) et Saint-Quentin (inaugurée en 1934).

Le projet de monument au général Faidherbe : d’une souscription portée par les habitants du Nord au choix d’un sculpteur parisien

A Lille, le projet de monument, s’il est soutenu par la municipalité, est le fait d’un comité privé, qui se constitue immédiatement après la mort de Faidherbe afin d’organiser une souscription pour élever un monument. Ce comité réunit de nombreuses personnalités comme le préfet, le recteur de l’académie, le général gouverneur de Lille ou encore le directeur du journal L’Écho du Nord. Il est remplacé le 26 avril 1890 par une Commission d’exécution de la statue de Faidherbe, elle aussi de statut privé, et présidée par le maire de Lille qui nomme ses membres, parmi lesquels Testelin, ancien commissaire de la défense nationale ; Legrand, député et ancien préfet de la défense nationale ; Guichard, le gouverneur militaire de la ville de Lille, mais aussi le Recteur, le Trésorier payeur, le adjoints au maire de Lille délégués aux Beaux-Arts et aux travaux publics, les présidents de la commission des travaux, des finances, de l’instruction publique, des anciens militaires, le président du Syndicat de la Presse, des architectes, et Mongy, directeur des travaux municipaux, qui sera très actif dans la mise en œuvre du projet.

La souscription, lancée dès le mois de novembre 1889, recueille dès les premiers jours des milliers de participations, versées par des communes du département, des individus (à commencer par tous les membres du comité et toutes les personnalités politiques ou industrielles de la région), des corps de métier (employés municipaux, employés de l’abattoir, journalistes, ouvriers d’ateliers de filature, etc.), des associations ou des sociétés (anciens combattants de 1870-1871, Union française de la jeunesse, Union des Femmes de France etc.). Différents relais se mettent en place pour diffuser l’information et organiser la collecte des fonds : des journaux proposent d’organiser la participation de leurs lecteurs, tandis que des fêtes des jeux ou des concours sont imaginés pour recueillir les fonds. Les listes faisant état des souscriptions sont innombrables et témoignent d’une intense mobilisation dans toute la région du nord, à tous les niveaux de la société, avec une représentation particulière des anciens combattants. Le 1er mars 1890, les journaux annoncent que la souscription atteint 152.797,95 Francs ; lorsqu’elle est clôturée, le 12 octobre 1894, la somme collectée atteint 186.331,55 Francs. La commission sollicite du gouvernement le bronze nécessaire à la construction de la statue, qui les refuse en indiquant qu’il est réservé aux équipements militaires. Elle décide alors d’allouer 170.000 Francs au monument, le reliquat devant couvrir son installation. Finalement, en 1890, elle décide d’affecter le reliquat des fonds à l’érection d’une tombe sur la sépulture du général Faidherbe et demande à l’un de ses membres, l’architecte Batigny, de dresser un projet de monument et d’en établir le devis – celui-ci ne sera jamais rémunéré pour la maquette réalisée, qui ne sera jamais mise à exécution. En 1906, les 749,60 Francs restants sont attribués à un statuaire pour la réalisation de 42 médaillons.

Le comité décide dans un premier temps de se tourner vers plusieurs sculpteurs régionaux, dans l’optique de célébrer un homme du Nord et l’armée du Nord. De premiers contacts sont pris avec Gustave Crauk, qui disposait de photographies de Faidherbe, prises en support à la réalisation d’une statue pour la ville de Saint-Louis au Sénégal. Celui-ci se montre enthousiaste à l’idée de réaliser un second monument, et, le 26 octobre 1889, il adresse une esquisse de son projet de monument à Mongy, membre de la commission et directeur des travaux municipaux. Crauk suggère, si le montant de la souscription le permet, de faire réaliser les quatre groupes sculptés entourant la statue de Faidherbe par des sculpteurs qu’il désigne comme « les principaux statuaires du département » : Cordonnier, Lemaire, Dare, ainsi qu’un 4e sculpteur qui serait sélectionné parmi les lauréats du Département, afin de réaliser « un monument d’un intérêt tout spécial, héroïque et vraiment populaire ». Le Conseil général du département du Nord, lors de sa séance du 19 août 1890, demande également à ce que le choix de la commission soit porté sur un artiste de la région du Nord. Pourtant, dès le printemps, la commission chargée de l’exécution du monument Faidherbe a préféré se tourner vers un sculpteur parisien, Antonin Mercié, qu’elle considère comme « l’un des maîtres de l’art français ». La commission s’en tient à ce choix, malgré les protestations des artistes du Nord, et malgré le manque d’intérêt manifesté par Mercié pour le projet : il manque les premiers rendez-vous fixés avec les membres du comité et ne rend pas l’esquisse du monument dans les délais convenus (1891), ce qui repousse la signature du contrat (1892). Il tarde ensuite, malgré de nombreux courriers du maire, à remettre la maquette du projet (1893), qu’il expose finalement au Salon à Paris sans l’avoir présentée à Lille (1894). Il refuse par ailleurs de s’occuper des détails techniques du bloc monumental, rappelant qu’il n’a accepté que la réalisation de la statue pour une somme de 170 000 F.

Face aux délais de la réalisation du monument, les mécontentements se multiplient, relayés lors des séances du conseil municipal. Le maire, régulièrement interpelé, répète que « Mr Mercié est un grand artiste ; on ne peut pas lui donner des ordres ; il faut attendre son heure ». Lors de la séance du conseil municipal du 5 octobre 1894, le maire, une nouvelle fois interpelé, rappelle que « depuis qu’il est question du Monument Faidherbe, il y a eu un échange de correspondances et de dépêches, comprenant 117 pièces, savoir : en 1890, 14 pièces ; en 1891, 10 pièces ; en 1892, 21 pièces, en 1893, 29 ; en 1894, 43. Total 117 pièces échangées entre la Commission et le statuaire ». L’architecte Paul Pujol, choisi par Mercié et chargé des plans du monuments, affirme lui aussi que Mercié est « un artiste », qu’il ne faut pas presser. Lui-même fournit les plans convenus, mais pas le cahier des charges nécessaire à l’exécution des travaux : c’est finalement Adolphe Defrennes, à la tête de l’entreprise de marbres et pierres, qui fournit les matériaux pour le socle, qui en propose un à la municipalité. Le 17 mars 1895, en réponse aux demandes pressantes de la Commission et du maire, Mercié répond qu’il cessera là son travail si les Lillois continuent leurs « tracasseries ».

Une statue équestre monumentale

La commission chargée de l’exécution du monument Faidherbe demande à Mercié une statue équestre de Faidherbe en tenue militaire, recevant l’hommage des villes du Nord : c’est cette commande qui figure dans le contrat finalement signé en mai 1892. De nombreux désaccords éclatent cependant entre le sculpteur et les membres de la commission. Le principal porte sur la représentation de Faidherbe : le sculpteur l’imagine en petite tenue, proche de ses hommes, quand la commission tient à le faire figurer en tenue de parade, surplombant et héroïque.

Le choix de la commission l’emporte finalement, en revanche les propositions de ses membres de représentation de symboles de la carrière coloniale de Faidherbe n’aboutissent pas, malgré les efforts répétés du Général Guichard, gouverneur militaire de Lille, au printemps 1893. Ce dernier insiste à plusieurs reprises sur sa volonté de voir représenté un symbole du Sénégal : il pense dans un premier temps à un lion, mais confie que Mercié a manifesté des « sentiments peu sympathiques » à l’égard de l’animal, car « ceux du Sénégal n’ont pas de crinière, ce qui en rend la représentation beaucoup moins artistique ». Guichard propose ensuite à la commission et au maire de « substituer [au lion] la représentation des deux grands fleuves du Sénégal et du Niger, se donnant la main, parce que je suis certain autant qu’un homme peut l’être, que la préoccupation constante, dominante de Faidherbe, du début de sa carrière à la fin de sa vie, fut de passer de la vallée du Sénégal dans celle du Niger », mais l’idée est écartée au motif que les deux figures symboliques seraient « trop coûteuses pour la réalisation ». Guichard avance alors l’idée de représenter « une seule figure, l’Afrique avec les attributs au moyen desquels Mr Mercié la spécifierait, et sur un desquels, tablette, pagaie ou autre, on graverait les mots : Algérie-Niger-Tombouctou-Sénégal ». Guichard semble encore une fois essuyer un refus, puisqu’il revient à la charge en suggérant que seul un palmier pourrait être intégrer au monument, « sur le tronc duquel seraient gravés les noms de lieux : Algérie- Tombouctou – Niger – Sénégal – Saint Louis ». Ni lion, ni fleuves, ni palmiers n’apparaissent finalement sur le monument. En revanche une inscription en bronze apposée sur le socle indique « gouverneur du Sénégal, 1863-1865 » - omettant le premier gouvernorat de Faidherbe.

Mercié, s’il ne goûte pas à la représentation du lion, semble en revanche beaucoup s’intéresser à celle du cheval. En 1894, il fait savoir à la commission qu’il est très occupé à l’étude des équidés au haras de Tarbes. Il a pourtant étudié l’animal en détail quelques années auparavant, comme en témoigne sa statue équestre du général Lee, inaugurée en 1890 à Richmond en Virginie. Cette statue contestée et taggée en 2020 par le mouvement Black Lives Matter, a été retirée par la municipalité en 2021. Le cheval de la statue de Faidherbe, très proche formellement de celui de Lee, est salué pour sa facture au moment de l’inauguration de la statue, tandis que la représentation de Faidherbe lui-même est reçue assez froidement. Il apparait en tenue de parade, figé sur son cheval, un sabre à la main droite, regardant l’horizon. A ses pieds, une allégorie de la ville de Lille, une femme portant couronne, cuirasse, et long manteau le regarde avec admiration et indique de la main gauche à une allégorie de l’Histoire les exploits du héros à inscrire dans un livre placé sur ses genoux. A l’arrière du monument, une seconde allégorie féminine, représentant les villes du Nord, tend à Faidherbe une couronne de lauriers.

Sur les côtés du piédestal, deux bas-reliefs représentent à droite la bataille de Pont-Noyelles (24 décembre 1870) et à gauche celle de Bapaume (3 janvier 1871). Sur le piédestal, les inscriptions suivantes en lettre de bronze apparaissent à l’avant : « AU GENERAL / FAIDHERBE / GRAND CHANCELIER DE L'ORDRE DE LA LEGION D'HONNEUR 28.02.1880. - 29.09.1889 / GENERAL COMMANDANT EN CHEF L'ARMEE DU NORD 18.12.1870 / GOUVERNEUR DU SENEGAL 1863-1865 / MEMBRE DE L'INSTITUT », A l’arrière, une inscription indique le caractère national et collectif de la levée des fonds pour le monument, avec les mots « SOUSCRIPTION NATIONALE ».

Pour ériger le monument de 9,60 mètres de haut, la commission choisit la place Richebé, qui est une place nouvelle, avec l’espace disponible pour accueillir le monument et qui, selon Mongy, le directeur des travaux municipaux, « a été créée sur le territoire de l’ancien Lille, au centre même de la nouvelle agglomération, en un point où tout a été fait pour affirmer la grandeur de la Cité, et l’on ne peut, selon nous, faire un meilleur choix pour élever un monument qui doit rappeler aux générations futures les immenses services rendus à la Patrie par cet illustre enfant de Lille » (archives municipales de Lille).

La vie civique du monument : célébrations, commémorations et manifestations

L’inauguration de la statue le 25 octobre 1896 est un événement très officiel, organisé par un « comité pour l’organisation des fêtes d’inauguration », avec le concours de l’armée, pour un budget de 1500 Francs. La mairie, la préfecture et la commission lancent des invitations à de nombreuses personnalités politiques nationales (le président de la République, qui décline, le ministre de la guerre, qui est présent) et à tous les maires de la région, aux présidents des chambres de commerce, aux magistrats du tribunal de commerce, mais également à de nombreuses sociétés sportives, musicales, de jeunesse et d’anciens combattants. L’inauguration de la statue apparait également comme un événement populaire, le public venant nombreux participer aux festivités. Celles-ci se déroulent sans heurts, malgré des tensions préalables entre cléricaux et anticléricaux, et entre socialistes et républicains modérés, qui se revendiquent tous de l’héritage de Faidherbe. La presse locale comme nationale rapporte le déroulé des célébrations : des cérémonies ont lieu à partir de 10h30, avec la réception de 35 sociétés de gymnastique par le maire et le conseil municipal ; suivies de défilés, puis de discours officiels. Les fêtes se déploient sur trois jours, du 24 au 26 octobre 1896, et sont ponctuées d’une remise de médailles, d’une récitation de poésies, du chant d’une cantate en l’honneur de Faidherbe, de tirs à la bombe et d’artillerie, de concerts, de bals populaires, d’illuminations et d’une retraite aux flambeaux. La participation populaire est perceptible dans les chassons écrites et interprétées pour l’occasion, caractéristiques de la culture populaire dans le Nord à la fin du XIXe siècle, et qui célèbrent le commandant de l’armée du nord : « Comme Hoche et Marceau / Il aimait son drapeau / Le brave général Faidherbe ».

Si, lors des fêtes d’inauguration, l’engouement populaire porte sur la figure de l’homme du Nord et la célébration de l’armée du Nord, les discours politiques prononcés devant la statue rappellent la carrière et l’action coloniale de Faidherbe. De la sorte, le Ministre de la Guerre, le général Billot, dans son allocution, retrace la carrière militaire de Faidherbe en Algérie, au Sénégal et en France, et « rend justice à ses qualités d’administrateur colonial ». Dans les journaux, les mentions de l’action coloniale de Faidherbe sont rares mais elles existent, ainsi La Patrie, organe de la défense nationale, dans une édition datée du 14 octobre annonçant les festivités d’inauguration de la statue, rappelle l’itinéraire colonial du militaire et mentionne ses écrits sur le Sénégal, le Soudan et le Gabon.

Après son inauguration, le monument acquiert une place centrale dans les défilés et les commémorations jusqu’à la Première Guerre mondiale : palmes, couronnes et bouquets y sont déposées par la Fédération des Anciens Combattants et les associations d’anciens militaires à l’occasion de l’anniversaire de la Guerre de 1870-1871 et de la bataille de Bapaume, des commémorations du siège de Lille de 1792 au début du XXe siècle, des fêtes de Lille, du 14 juillet, ou lors de manifestations purement patriotique accompagnant des manœuvres militaires, comme en 1913, lorsque des « étudiants patriotes » se recueillent devant le monument. Après la Seconde Guerre mondiale, les célébrations au pied ou au départ du monument semblent moins courantes, mais il reste un point de passage obligé à l’occasion de déplacements officiels de personnalités politiques : lors du déplacement du Général de Gaulle au mois de juin 1947, le cortège officiel qui déambule à Lille dépose une gerbe de fleurs devant la statue. La statue continue également à être fleurie par les Lillois : par exemple par les « Amis de Lille », au moment du 150e anniversaire de la naissance de Faidherbe en 1968.

Toute cette vie civique s’accompagne de discours et d’articles de presse qui rappellent les haut faits de la carrière de Faidherbe. Si, dans les premières années de l’existence du monument, le militaire est avant tout célébré comme un homme du Nord, vainqueur de la bataille de Bapaume, les journaux régionaux ne manquent pas de mentionner la carrière coloniale du général. A l’occasion des anniversaires de sa naissance ou de sa mort, ils louent sa figure de « colonisateur émancipateur », « éclairé » ou « bâtisseur ». Ainsi, en 1978 le principal quotidien régional, La Voix du Nord, estime que « deux titres de gloire méritent au général Faidherbe la reconnaissance de ses compatriotes » : sa victoire à Bapaume en 1871, et « d’avoir éveillé à la vie moderne le Sénégal ». Autour de la statue se construit donc un espace mémoriel présentant l’action coloniale de Faidherbe sous un jour positif, en reprenant les discours coloniaux eux-mêmes, assimilant conquête et développement et éludant les violences coloniales. Faidherbe est finalement rappelé et célébré tant pour son rôle dans la victoire de Bapaume face à la Prusse en 1871 que pour son rôle dans la colonisation du Sénégal de 1852 à 1865. Plusieurs décennies de commémorations du rôle de Faidherbe comme « civilisateur » viennent ainsi façonner l’existence du monument comme un monument colonial.

Une statue contestée

C’est précisément cette dimension coloniale qui est pointée du doigt à partir de 2018. Avant cette date, le monument ne semble pas faire l’objet d’attaques, comme cela a été le cas pour les statues de Bapaume et de Saint-Quentin, et échappe à la grande vague de fonte des statues de la Seconde Guerre mondiale. En 1975, il est classé au titre des Monument historiques par un arrêté en date du 29 octobre. Il reste alors la propriété exclusive de la ville de Lille, mais le monument est intégré dans un nouveau dispositif législatif visant à sa conservation. Ce dispositif ouvre la possibilité d’attribution de crédits par la DRAC et soumet toute interventions sur le monument ou dans son périmètre à des procédures spécifiques.

Selon la direction du patrimoine culturel de la ville de Lille, le monument Faidherbe n’est pas l’objet des petits gestes quotidiens qui font la vie des statues dans l’espace public (dessins, noms inscrits, ajout d’accessoires comme des masques au moment du covid ou un gilet jaune au moment du mouvement du même nom). Pourtant, la statue est située dans un espace qui est à la fois un lieu de passage (sortie de métro, début d’une rue commerçante), un point de rendez-vous fréquent des Lillois.e.s, un point de départ en manifestation, et un espace doté de bancs et de végétaux, où se retrouvent les personnes sans domicile. L’absence d’interventions sur la statue s’explique sans doute par le dispositif de grilles et de platebandes fleuries qui l’entourent et qui limitent drastiquement son accès immédiat. La statue elle-même n’est par ailleurs pas accessible, du haut de ses 9 mètres de hauteur.

Cette monumentalité est interrogée par un dispositif artistique en septembre 2017, dans le cadre des Journées Européennes du patrimoine. Comme six autres statues lilloises, le général Faidherbe se voit ainsi coiffé d’un cube en miroir. Ce dispositif, intitulé « Identité » et œuvre de l’artiste Quentin Carnaille, vise à la fois à replacer l’attention sur des statues qu’on ne regardait plus, les reflets lumineux permettant de faire converger le regard vers les œuvres, et à rendre le public acteur de son rapport au patrimoine, chacun.e pouvant observer son propre reflet sur les faces du cube de miroir. La mairie de Lille participe à hauteur de 20 000 euros au budget du projet, qui est de 40 000 euros. Afin de financer des cartels explicatifs au pied des statues, une cagnotte Kiss Kiss Bank Bank est mise en place, et 5080 euros de participations sont réunis. Au pied de la statue de Faidherbe, la plaque apposée, réalisée par l’artiste sans être reprise par les services municipaux, explique : « Louis Faidherbe fut un grand militaire français. Il a apporté, au cours de ses voyages, de nombreuses connaissances sur la culture des peuples et du continent africain ».

Cette plaque suscite l’indignation et est enduite de peinture orange, dans un contexte de mobilisations internationales contre les symboles de l’esclavage et de la colonisation dans l’espace public, sur lesquels le mouvement Rhodes Must Fall porte l’attention depuis 2015. L’année 2017 est ainsi marquée des contestations de statues relayées à l’échelle globale par les médias traditionnels et les réseaux sociaux. Le 6 février 2017, le conseil municipal de la ville de Charlottesville, aux Etats-Unis, a voté le retrait de l’espace public de la statue du général sudiste et esclavagiste Robert Lee. A Saint-Louis, au Sénégal, le 5 septembre, de fortes pluies ont entrainé la chute de la statue de Faidherbe sur la place du même nom, et un Collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe se forme en 2018 pour s’opposer à sa réinstallation par décision du maire Mansour Faye sous escorte policière le 21 septembre 2017 – suivie par un jet de peinture blanche le 25 novembre 2017.

A Lille, des membres de l’association Survie Nord, interpelés par le cube de verre placé sur la tête de Faidherbe et par le cartel explicatif assimilant les violentes guerres de conquête de Faidherbe à des « voyages », prennent contact avec d’autres associations lilloises - le Collectif Afrique, l’Atelier d’histoire critique, le Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), le Comité des Sans Papiers 59 et des militant.e.s sénégalais.es qui fondent le Collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe.  Au mois de novembre, la caravane des quartiers du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) s’arrête devant la statue et réclame son déboulonnage. L'ensemble de ces associations fonde alors le Collectif Faidherbe doit tomber, présenté lors d’une conférence le 10 avril 2018. Son nom est une référence directe à Rhodes Must Fall et inscrit d’emblée l’action du collectif dans le mouvement mondial de contestation des symboles coloniaux dans l’espace public. Son objectif est triple : d’abord sensibiliser le public à l’histoire de la statue et surtout du statufié, en revenant sur les silences de l’histoire coloniale en France; ensuite interpeler les pouvoirs publics pour demander le retrait ou la transformation radicale d’une statue qui incarne des rapports de domination et peut toucher de manière négative le public, en particulier les personnes d’ascendance sénégalaise ou algérienne ; enfin documenter l’action militante et communiquer sur cette action en faisant le lien entre luttes locales et internationales et en s’inscrivant dans les réseaux et les initiatives militants à l’échelle globale (entretien, 08/02/2024). Le collectif Faidherbe doit tomber réalise un important travail documentaire, se dote d’un site internet, interpelle la maire et publie des communiqués de presse.

L’organisation du collectif à partir de l’automne 2017 coïncide alors avec l’agenda de la municipalité : à l’été, la ville envisage une restauration de la statue de Faidherbe et adresse une demande d’autorisation d’intervention auprès de la DRAC. Suite à cette demande, le 29 mars 2018, année anniversaire de la naissance de Faidherbe, les conservatrices de l’entreprise en marché public avec la ville de Lille chargée de la restauration des monuments rendent un rapport préconisant la restauration de la statue pour les motifs suivants : « empoussièrement, amas de feuilles, de cocons d’insectes dans les parties creuses et en relief, beaucoup de fientes d’oiseaux, de la corrosion due à la pluie et à la pollution (coulures vertes), croûtes noires épaisses (dépôts de particules de pollution), absence de patine sur une portion avant de la statue (zone ayant été trop grattée) »(communication de la marie de Lille). Le chantier, d’un montant de 43.360, 80 euros en partie financé par la DRAC, se déroule du 16 avril au 8 mai, attirant une nouvelle fois l’attention des Lillois.e.s sur la statue : au mois de mai, le Collectif Faidherbe doit tomber adresse une lettre ouverte à Martine Aubry, maire de Lille, « demand[ant] le retrait de la statue de Louis Faidherbe et de tous les symboles qui glorifient le colonialisme dans les espaces publics lillois ». Il organise une "Fête à Faidherbe" le 30 juin 2018, avec balade décoloniale, performance artistique, concert en plein air sur la place du vieux marché au Chevaux et fresque participative.

Le même mois, le socle de la statue est tagué une première fois : « colonialiste » et « ACAB » sont inscrits à la bombe de peinture blanche. La ville porte plainte et les services municipaux prennent en charge le nettoyage. Les contestations, largement relayées par la presse, s’amplifient au mois de juin 2020, dans le double contexte de la campagne pour les élections municipales (la ville se saisissant alors d’un sujet traité par Europe Ecologie les Verts, parti au coude-à-coude avec la liste socialiste menée par Martine Aubry) et du mouvement Black Lives Matter (l’onde de choc mondiale provoquée par la mort de Georges Floyd le 25 mai 2020 secoue la France, elle-même marquée par les violences policières qui ont provoqué la mort d’Adame Traoré le 19 juillet 2016 et de Cédric Chouviat le 3 janvier 2020). Une marche contre les violences policières est organisée à Lille le jeudi 3 juin 2020, lors de laquelle les manifestant.e.s portent l’idée que le racisme structurel qui génère les violences provient en partie de l’histoire coloniale.

Un collage « stop colonialisme » est apposé sur le piédestal du monument Faidherbe et une banderole appelle à la destruction des statues coloniales « de Lille à Boston ».

Un rassemblement contre la présence de la statue dans l’espace public est organisé par le collectif Faidherbe doit tomber le samedi 20 juin 2020. Il réunit 150 à 200 personnes et attire des militants identitaires qui se placent devant la statue et se montrent menaçants vis-à-vis des manifestant.e.s, tandis que la presse régionale comme la presse nationale relaient l’événement. Dans la nuit, les mots « colon », « assassin », « Sénégal », « Algérie » et « Kabylie » sont inscrits sur le socle du monument. La ville porte plainte. Quelques jours plus tard, le 5 juillet 2020, un jet de peinture rouge touche la statue. Une nouvelle plainte est déposée.

Face à ces contestations, la municipalité peine à prendre position. Les agent.e.s du service du patrimoine affirment leur embarras face à la situation et face à l’activisme du collectif, dans une ville où les habitant.e.s semblent peu intéressé.e.s par les débats sur la statue et où les traces de la colonisation et/ou de l’esclavage sont moins présentes que dans d’autres villes, qui ont engagé la réflexion sur la mémoire de l’esclavage dès les années 1950 pour une ville comme Fort-de-France, ou la fin des années 1990 pour une ville comme Nantes (entretiens, 16/02/2024 et 28/02/2024). Finalement, suite au rassemblement organisé par le collectif et aux inscriptions taguées sur la statue, la mairie de Lille annonce le 22 juin 2020 qu’elle envisage de poser une plaque explicative à proximité immédiate de la statue et quelle mènera un travail de concertation autour de la présence du monument. Ce travail a lieu de manière informelle : une commission réunit des associations ayant un intérêt pour l’histoire et ou le patrimoine lillois situées dans différents quartiers de la ville, des agent.e.s des services des archives, des agent.e.s de la municipalité et une historienne spécialiste de la colonisation chargée d’apporter un éclairage scientifique aux discussions. Cette commission, dont la composition reste bancale, peine à fonctionner. Selon la direction du patrimoine, elle échange avec des représentant.e.s de la ville de Saint-Louis, ville sénégalaise jumelée avec Lille, ainsi qu’avec des personnels du Centre de Recherche et de Documentation de Saint-Louis, et, deux ans après avoir été mise sur pied, elle reçoit le Collectif Faidherbe doit tomber. Finalement, la maire de Lille, Martine Aubry, d’installer une plaque explicative au pied du monument. Cette décision politique correspond à un choix très classique dans la gestion des patrimoines contestés. Après accord de la DRAC, un pupitre métallique est installé en décembre 2023, portant un autocollant qui présente les informations suivantes : « Inauguré en 1896, ce monument témoigne de la reconnaissance de toute une région à un Lillois, qui fut son défenseur face aux Prussiens, en 1870, lors de la débâcle de l’armée française. / Les commanditaires de la statue ont choisi d’ancrer Faidherbe dans son action régionale, sans évoquer les campagnes de conquêtes coloniales, ni son rôle de gouverneur du Sénégal (1854-1861, 1863-1865). / La Ville de Lille désapprouve l’action du général Faidherbe pendant la colonisation, lors des conquêtes et comme gouverneur du Sénégal », ainsi qu’un QR Code renvoyant au site de la marie, qui fournit des explications plus détaillées. Un cartel explicatif est également installé à côté de la maquette en plâtre du monument, exposée au Palais des Beaux-Arts de la ville de Lille. Sur les réseaux sociaux, des réactions hostiles affirment que le monument n’a été érigé qu’en hommage au rôle de Faidherbe dans la défense du Nord et ne « glorifie pas » la colonisation : le « militantisme » se serait « invité dans les cartels des musées d’art ». De la même manière, les services municipaux indiquent avoir reçu un courrier contestant le choix de la maire et rejetant la plaque explicative. Ce courrier, à la connaissance des agent.e.s du service du patrimoine, est le seul reçu depuis 2017 : les habitant.e.s de Lille auraient donc manifesté peu d’intérêt à la municipalité pour le débat sur la présence du monument dans l’espace public, ce que semble confirmer le faible nombre de signatures atteint par la pétition demandant le retrait de la statue, mise en ligne en juin 2020.

Pourtant, les personnes contestant la place de la statue de Faidherbe dans l’espace public restent actives. Le collectif Faidherbe doit tomber juge que l’ajout d’une plaque n’est pas suffisant, au vu de la violence que peuvent ressentir les personnes descendantes d’Algériens ou de Sénégalais face à une statue considérée comme « colonialiste, militariste, sexiste et spéciste » et concentrant donc les rapports de domination à l’œuvre dans la société française (entretien, 08/02/2024). Les membres du collectif posent ainsi la question de l’inclusivité de l’espace public et des choix de la municipalité dans l’organisation de cet espace. Ne se satisfaisant pas de la plaque, ils distribuent des autocollants sur lesquels un QR code renvoie au site internet Faidherbe doit tomber. Certains de ces autocollants sont collés sur la plaque installée par la mairie, de telle sorte que le 12 janvier 2024, le quotidien régional La Voix du Nord titre : « Lille : au pied de la statue de Faidherbe, la guerre des mémoires… par QR codes interposés ». La présence continue de ces autocollants a conduit au remplacement de celui placé par la mairie sur le pupitre au mois d’avril 2024 : les services municipaux indiquent avoir opté pour une matière plus solide et traitée anti-tag. Le collectif continue également à demander que « la statue descende de son piédestal » et imagine de nombreuses options : sa végétalisation, son renversement, le retrait de la seule figure de Faidherbe, ou encore l’ajout d’un contre-monument (entretien, 08/02/2024). A Saint-Louis, au Sénégal, la statue de Faidherbe a été retirée le 12 septembre 2019 pour être restaurée. Au printemps 2024, elle n’était toujours pas réinstallée.

Références

Documents contemporains

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Adolphe Robert et Gaston Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français, Paris, Bourloton Editeur, 1889.

Travaux scientifiques

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Contested Histories in Public Spaces Principles, Processes, Best Practices An International Bar Association Task Force Report, London, International Bar Association, 2021.

Joël Glasman, « Le Sénégal imaginé. Évolution d'une classification ethnique de 1816 aux années 1920 », Afrique & histoire, vol. 2, no. 1, 2004, pp. 111-139.

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Boubacar Niang, Le gouverneur Faidherbe à Saint-Louis et au Sénégal (1854-1861/1863-1865) - Mythes et réalités dans l'oeuvre du précurseur de la colonisation française en Afrique occidentale, Paris, L’Harmattan, 2021.

Yves Péhaut, « Le réseau d’influence bordelais : la “doyenne” Maurel & Prom jusqu’en 1914 », dans L’esprit économique impérial (1830-1970). Groupes de pression & réseaux du patronat colonial en France & dans l'empire, Paris, Société française d'histoire d'outre-mer, 2008. pp. 225-242.

Anna Pondopoulo, « La construction de l'altérité ethnique peule dans l'œuvre de Faidherbe », Cahiers d'études africaines, vol. 36, n°143, 1996. pp. 421-441.

Isabelle Surun, « Une souveraineté à l'encre sympathique ? Souveraineté autochtone et appropriations territoriales dans les traités franco-africains au XIXe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 69, no. 2, 2014, pp. 313-348.

Isabelle Surun, Sénégal et dépendances. Le territoire de la transition impériale (1855-1895), Paris, 2012, non publié, disponible en ligne.

Sites internet

« Faidherbe Monument, Lille, France », Contested Histories, Case Study #57*

Faidherbe doit tomber !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)

Presse et médias

Aïssatou Diallo et Julien Crétois, Publié le 10 avril 2018, « Faidherbe doit tomber » : des collectifs français et sénégalais à l’assaut du mythe du colon bâtisseur ».

Patrick Seghi, « La statue du général Faidherbe doit-elle être retirée ? », Publié:10 Avril 2018 à 19h54.

Laurent Ribadeau-Dumas, « Saint-Louis du Sénégal et Lille: faut-il déboulonner le général Faidherbe? », Publié le 27/05/2018 10:36Mis à jour le 28/05/2018 16:45.

« Faidherbe doit tomber» : manifestation à Lille pour le retrait d’une statue «symbole du colonialisme», Le Parisien avec AFP, Le 20 juin 2020 à 17h49.

AFP, édité par Yann Fossurier, « Lille : Martine Aubry envisage la pose d'une plaque explicative devant la statue de Faidherbe », Publié le 22/06/2020 à 18h20.

« La statue du général Faidherbe taguée à Lille », AFP – France Info, Publié le 21/06/2020 à 18h29.

Hamza Ouarb avec Alexis Lalemant, « Lille : la mairie « désaprouve l’action du général Faidherbe », mais ne retirera pas sa statue », BFM Lille, Publié 22/12/2023 à 13:51.

Raphaëlle Remande, « Au pied de la statue de Faidherbe, la guerre des mémoires… par QR codes interposés », La Voix du Nord, jeudi 18 janvier 2024.